Après la blague
d’Halloween de Catherine Dorion déguisée en Miss Députée, voici le PLQ qui veut
fait rire avec sa plainte au Commissaire à l’éthique. Comme si le Parti libéral
avait des leçons à donner! Mais le plus obtus dans tout ça est ailleurs.
Difficile
de trouver un commentaire plus bouché que celui de Denise Bombardier publié hier
dans le Journal de Montréal. Ne reculant devant aucun épithète, la chroniqueuse
traite la députée solidaire de pyromane « indigne
de la fonction qu’elle occupe » et, tenez-vous bien, de putain qui « expose
son fond de culotte ». On connait évidemment le talent de Mme Bombardier
pour jouer les mères supérieures. Mme B. est forte sur la « bienséance »
et les « bonnes manières ». Mais que quelqu’un qui se croit plus
intelligente que la moyenne ne comprenne pas le message que lance la députée à
travers ses déguisements est pour le moins décourageant. Denise Bombardier devrait pourtant savoir ce
que les femmes endurent quand elles osent prendre un peu plus de place que « normalement »
prévu.
Catherine
Dorion s’est pointée à l’Assemblée nationale, il y a un an, avec deux messages
très importants. Le premier concerne l’importance de la culture, notamment pour
une société comme le Québec. Personne n’a été plus éloquente à ce sujet, même
pas Gérald Godin aux beaux jours du PQ. Ce message est d’ailleurs très bien reçu.
L’autre message, celui que Mme Dorion colporte avec ses bottes Doc Martens, un
jour, et ses talons aiguilles, l’autre, l’est (visiblement) beaucoup moins. C’est
la foire d’empoigne à chaque fois.
Cet autre message
de Catherine est pourtant tout aussi simple et tout aussi important : on a
toujours voulu contrôler les femmes en leur dictant un certain comportement,
une certaine façon d’être. Ce contrôle passait jadis par la maternité. Pour être
une « bonne » femme, il fallait être une mère et épouse dévouée. En
se conformant à ce rôle, une femme avait droit aux égards de la société, à la « respectabilité ».
Sinon, elle tombait dans la catégorie à laquelle Mme Bombardier vient d’enfermer
la pauvre députée de Taschereau à tout jamais, la catégorie des « putains».
Point de salut pour les guidounes.
Aujourd’hui,
les femmes ont davantage de choix, ne sont pas acculées aux seul rôle de mère,
mais la partie n’est pas gagnée pour autant. Et c’est bien ça que peu de gens semble
comprendre chaque fois que Catherine Dorion se fait un devoir de nous le
rappeler.
On semble
croire que parce que les femmes sont désormais admises à l’Assemblée nationale
qu’il n’y a pas de différence entre elles et leurs vis-à-vis masculins. Il y en
a! Ce n’est pas par hasard si on voue Catherine Dorion aux gémonies pour ses
accrocs au « décorum » alors que les baskets du collègue Sol Zanetti
passent plus ou moins inaperçus. Les femmes sont jugées beaucoup plus
sévèrement, encore aujourd’hui, pour leurs écarts de conduite et sont tenues de
s’habiller « correctement » pour mériter la place qu’on leur fait.
Curieusement,
la tenue féminine acceptée aujourd’hui –celle qui affiche ce qu’une femme « devrait »
avoir l’air—est passablement osée. Les jambes sont exposées, les jupes serrées,
le décolleté plongeant. (Plus curieux encore, les Denise Bombardier de ce monde
sont totalement coites à ce sujet). Les femmes sont sujettes à un espèce de
pacte tacite imposé tous les jours par les industries de la mode, de la
publicité et des médias. Vous voulez entrer au Parlement? Diriger la Caisse de
dépôt? Devenir astronautes?... Très bien mais, en échange, faites-nous plaisir,
demeurez sexées. Demeurez des « vraies femmes ». Et c’est précisément
cette obligation d’être à tout prix féminine et sexée que Catherine Dorion a tenu
à dénoncer en chaussant tantôt des bottes de construction, tantôt des bas
résille.
Bien sûr
que ça provoque – vu l’enceinte vénérable où elle se trouve. Mais est-ce
uniquement de la provocation? Bien sûr que non.
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