Pour Marguerite Blais, les aînés, pour Michelle Blanc, le numérique, pour Michel Gauthier, les intérêts du Québec et pour l’homme d’affaires Alexandre Taillefer, ce sont les valeurs progressistes qui l’appellent. La politique étant un milieu difficile, ingrat même, il vaut mieux être porté par dedans, c’est sûr, avant de se jeter dans la gueule du loup. La surprise n’est pas là. Mais quel set carré de convictions disparates quand même, quelle macédoine de recrues et de partis drôlement assortis. Et swingue la baquaisse..
Après les questions posées par l’apparition de Vincent Marissal à Québec solidaire le mois dernier, interrogeons-nous à nouveau sur les véritables raisons de ces mariages à la va-vite. Que vient faire une femme « de gauche » (Marguerite Blais) à la Coalition avenir Québec ? Un « progressiste » (Alexandre Taillefer) à la direction de campagne d’un parti qu’il a lui-même critiqué pour ses politiques néolibérales ? Un pilier du Bloc québécois (Michel Gauthier) au Parti résolument conservateur du Canada ? Une spécialiste du numérique (Michelle Blanc) — qui visait en fait la CAQ, mais qui est prête à se laisser consoler par un autre —au PQ?
Je veux bien croire que la gauche et la droite sont des notions un peu galvaudées, qu’elles ne sont pas parfaitement étanches, qu’il faut toutes sortes de personnes pour former un parti politique, comme le Bloc et le PQ l’ont d’ailleurs chacun démontré. Mais, de grâce, un peu de suite dans les idées! Un peu de respect pour les partis politiques! Un peu moins d’ambition personnelle...
On met aujourd’hui le pied dans l’étrier non pas à cause de ce que représente le parti, mais malgré ce qu’il représente. Comme si l’important était l’étrier lui-même, l’élévation offerte du fait de se déclarer aspirant jockey. Et au diable le programme du parti. Pourtant, comme le disait Gabriel Nadeau-Dubois cette semaine, «tous les partis politiques veulent exercer le pouvoir». C’est la raison d’être d’une formation politique, sinon on passe à autre chose. En choisissant d’y adhérer, on choisit donc une certaine philosophie, une façon de concevoir le monde, de partager les ressources entre les plus forts et les plus faibles. Les aînés? De la tarte aux pommes. Tout le monde est pour. Idem pour le numérique et les supposés intérêts du Québec. Tous les partis fédéraux vont y aller, ici aussi, d’une génuflexion. C’est la partie facile.
La partie difficile, c’est de savoir comment on concilie sa petite niche à soi avec les intérêts décidément moins gracieux du parti choisi. Marguerite Blais peut-elle ignorer que la CAQ n’annonce rien de bon pour les garderies publiques, pour l’environnement, pour une fiscalité mieux répartie? Michel Gauthier, qu’il se joint à un parti dont la vision socio-économique est l’exact contraire de ce que le Bloc a longtemps représenté? Peut-il ne pas se rendre compte qu’Andrew Scheer, comme Stephen Harper avant lui, n’est vraiment pas Brian Mulroney? Un parti politique est une chapelle. Une fois entré, on peut toujours se tenir debout derrière, mais on ne peut pas faire semblant qu’on n’est pas à l’intérieur des murs. À moins évidemment d’être Donald Trump et, vous me voyez venir, c’est précisément le danger de ce type de pensée en vase clos, de cette politique nombriliste et à la carte.
L’élection de Donald Trump a achevé ce qu’il restait des valeurs et des principes républicains. Le parti d’Abraham Lincoln est aujourd’hui le parti de la compromission et du n’importe quoi. Si le cynisme envers l’establishment politique existait bien avant lui, son ignorance et son regardez-moi-bien-aller, son mépris des gens et des institutions ont fini par totalement dégrader la fonction qu’il incarne. Je ne prétends pas, bien sûr, qu’un Donald Trump se cache parmi les individus ici nommés. Seulement que la dévalorisation de la politique, le cynisme à son endroit, sont directement proportionnels à cette tendance à tourner les coins ronds, à jouer sur les émotions et, surtout, à dire une chose et son contraire.
Tout n’est pas réconciliable. Un parti qui a sabré les écoles et les services de santé ne peut pas décemment prétendre être l’ami des professeurs, des élèves et des malades aujourd’hui. Un parti qui a joué la carte de la division pour mieux rallier les Québécois de souche peut difficilement prétendre être un parti ouvert à tous. Que ce soit celui d’un parti ou celui d’un individu, l’opportunisme a toujours bien mauvais goût.
Après les questions posées par l’apparition de Vincent Marissal à Québec solidaire le mois dernier, interrogeons-nous à nouveau sur les véritables raisons de ces mariages à la va-vite. Que vient faire une femme « de gauche » (Marguerite Blais) à la Coalition avenir Québec ? Un « progressiste » (Alexandre Taillefer) à la direction de campagne d’un parti qu’il a lui-même critiqué pour ses politiques néolibérales ? Un pilier du Bloc québécois (Michel Gauthier) au Parti résolument conservateur du Canada ? Une spécialiste du numérique (Michelle Blanc) — qui visait en fait la CAQ, mais qui est prête à se laisser consoler par un autre —au PQ?
Je veux bien croire que la gauche et la droite sont des notions un peu galvaudées, qu’elles ne sont pas parfaitement étanches, qu’il faut toutes sortes de personnes pour former un parti politique, comme le Bloc et le PQ l’ont d’ailleurs chacun démontré. Mais, de grâce, un peu de suite dans les idées! Un peu de respect pour les partis politiques! Un peu moins d’ambition personnelle...
On met aujourd’hui le pied dans l’étrier non pas à cause de ce que représente le parti, mais malgré ce qu’il représente. Comme si l’important était l’étrier lui-même, l’élévation offerte du fait de se déclarer aspirant jockey. Et au diable le programme du parti. Pourtant, comme le disait Gabriel Nadeau-Dubois cette semaine, «tous les partis politiques veulent exercer le pouvoir». C’est la raison d’être d’une formation politique, sinon on passe à autre chose. En choisissant d’y adhérer, on choisit donc une certaine philosophie, une façon de concevoir le monde, de partager les ressources entre les plus forts et les plus faibles. Les aînés? De la tarte aux pommes. Tout le monde est pour. Idem pour le numérique et les supposés intérêts du Québec. Tous les partis fédéraux vont y aller, ici aussi, d’une génuflexion. C’est la partie facile.
La partie difficile, c’est de savoir comment on concilie sa petite niche à soi avec les intérêts décidément moins gracieux du parti choisi. Marguerite Blais peut-elle ignorer que la CAQ n’annonce rien de bon pour les garderies publiques, pour l’environnement, pour une fiscalité mieux répartie? Michel Gauthier, qu’il se joint à un parti dont la vision socio-économique est l’exact contraire de ce que le Bloc a longtemps représenté? Peut-il ne pas se rendre compte qu’Andrew Scheer, comme Stephen Harper avant lui, n’est vraiment pas Brian Mulroney? Un parti politique est une chapelle. Une fois entré, on peut toujours se tenir debout derrière, mais on ne peut pas faire semblant qu’on n’est pas à l’intérieur des murs. À moins évidemment d’être Donald Trump et, vous me voyez venir, c’est précisément le danger de ce type de pensée en vase clos, de cette politique nombriliste et à la carte.
L’élection de Donald Trump a achevé ce qu’il restait des valeurs et des principes républicains. Le parti d’Abraham Lincoln est aujourd’hui le parti de la compromission et du n’importe quoi. Si le cynisme envers l’establishment politique existait bien avant lui, son ignorance et son regardez-moi-bien-aller, son mépris des gens et des institutions ont fini par totalement dégrader la fonction qu’il incarne. Je ne prétends pas, bien sûr, qu’un Donald Trump se cache parmi les individus ici nommés. Seulement que la dévalorisation de la politique, le cynisme à son endroit, sont directement proportionnels à cette tendance à tourner les coins ronds, à jouer sur les émotions et, surtout, à dire une chose et son contraire.
Tout n’est pas réconciliable. Un parti qui a sabré les écoles et les services de santé ne peut pas décemment prétendre être l’ami des professeurs, des élèves et des malades aujourd’hui. Un parti qui a joué la carte de la division pour mieux rallier les Québécois de souche peut difficilement prétendre être un parti ouvert à tous. Que ce soit celui d’un parti ou celui d’un individu, l’opportunisme a toujours bien mauvais goût.
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