Encore un peu de temps et nous ne reverrons plus de caribous forestiers dans la région de Val-d’Or, le gouvernement libéral ayant décidé de gérer cette extermination la tête basse et les bras ballants. « Cette situation est triste, mais il faut être raisonnable », de dire le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette. Il coûterait trop cher, et sans résultats garantis, d’essayer de sauver ce qui reste du troupeau, décimé par des décennies d’exploitation forestière et minière extrêmement intensive. Alors, aussi bien leur faire dès maintenant nos tendres adieux et passer à un autre appel.
Être triste mais réaliste semble être la règle d’or lorsqu’il est question d’environnement. C’est également triste de voir que 80 % des agronomes affectés à la protection des plantes seraient « liés à l’industrie des pesticides ». Un conflit d’intérêts gros comme la statue de Duplessis devant le parlement, l’équivalent d’avoir un médecin payé par l’industrie pharmaceutique pour vous bourrer de pilules, mais, soyons raisonnables, il y a des avantages à cumuler le « double rôle » de protecteur des plantes/vendeur de pesticide. Primes, commissions, incitatifs sous forme de voyage, pour ne rien dire du « paiement à la performance », une pratique bien établie au sein de l’industrie agronome. Pendant ce temps, la protection de l’environnement, et le simple citoyen, en prend pour son rhume.
Les baleines du Saint-Laurent qui meurent empêtrées dans les engins de navigation. Autre sujet morose. Vu la présence du fleuve, nous avons plus de cétacés au Québec, mais moins de moyens qu’ailleurs au Canada pour leur venir en aide. Entre 40 et 50 % des rorquals porteraient des cicatrices de ces collisions malencontreuses mais, soyons réalistes, c’est un grand pays et les moyens sont comptés.
On pourrait continuer comme ça longtemps, grâce notamment au travail acharné d’Alexandre Shields du Devoir, la liste du pragmatisme bon teint en matière écologique étant particulièrement longue. Rien d’ailleurs n’illustre mieux ce phénomène que l’indifférence généralisée devant l’échec du Plan d’action sur les changements climatiques. Le gouvernement Couillard s’était engagé à réduire de 20 % les GES d’ici 2020. Le bilan de mi-parcours affiche un piètre 8 %, c’est-à-dire « pas de progression significative dans les réductions d’émissions au Québec ».
Pas de progrès veut dire que nous nous dirigions — partout sur la planète, car le Québec est loin d’être le seul fainéant en la matière — vers une augmentation de la température de plus de 2 degrés et vraisemblablement de plus de 4 degrés Celsius d’ici la fin du siècle. Faut-il rappeler ce que ça veut dire ? Plus d’inondations, de canicules, de grandes tempêtes, de maladies, de migration et d’instabilité sociale. Moins d’eau potable, de récoltes, d’espèces animales, de pergélisol et de neige dans l’Arctique. À plus de 4 degrés, il s’agirait d’un « moment de bascule » dont la Terre, malgré Jeff Bezos, Bill Gates et tous les dieux de la technologie réunis, ne se remettrait jamais.
Le grand bal diplomatique qui eut lieu à Paris en décembre 2017 pour parer, justement, à la catastrophe est toujours perçu comme une victoire pour l’environnement. Seulement, tout pointe vers un échec cuisant. Nous avons beau avoir fixé des cibles à atteindre, nous n’y parviendrons pas. Comment s’en surprendre ? Regardez autour de vous, examinez votre quotidien et dites-moi ce qui a changé depuis, disons, les années 1970 ? Depuis qu’on sait que l’activité humaine a la capacité de détruire la planète. Deux choses seulement : les bacs de recyclage et les pistes cyclables (abondantes).
Mais les pistes cyclables n’ont pas empêché le transport automobile, le grand coupable des GES, d’augmenter pour autant. Et le recyclage ? Une farce monumentale. « On sait toujours peu sur la destination finale de ce qui y est déposé, et le recyclage de certaines matières fait toujours piètre figure. » Vingt ans après l’entrée du recyclage dans nos vies, on ne nous a jamais expliqué à quoi ça sert, comment s’y prendre ni comment ces matières sont transformées. Les pleines pages de Recyc-Québec dans les quotidiens actuellement (une boîte de sardines sur une biscotte ?), pour être très léchées, sont tout ce qu’il y a de plus obtus. On n’y comprend que dalle.
Que d’approximations, de belles paroles la main sur le coeur et de coups d’épée dans l’eau. Et, surtout, que de tristesse de constater que, devant des caribous en voie de ddidisparition ou autre calamité annoncée, il ne nous reste plus qu’à pleurer.
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