Sauvons la planète. Faisons moins d’enfants. Dans le concert de
voix qui s’élève pour nous avertir de catastrophes environnementales
imminentes, une petite voix commence à se faire entendre préconisant la
planification des naissances pour minimiser les dégâts. Eh oui, le bon
vieux condom pourrait faire oeuvre utile dans le combat du siècle pour
sauver la planète.
Un rapport de la Royal Society de Londres, People and the Planet (2012), estime que l’accès à la contraception pour les 222 millions de femmes qui en sont aujourd’hui privées réduirait les gaz à effet de serre de 8 à 15 %, « l’équivalent de stopper la déforestation partout sur la planète ». À New York, la National Academy of Sciences est plus optimiste encore : « Une baisse de la population mondiale pourrait vouloir dire une baisse de 16 à 29 % de CO2 à l’échelle mondiale », dit-elle.
Or, Le Devoir l’annonçait à la une cette semaine, le Groupe d’experts sur l’évolution du climat nous invite à réduire de 40 à 70 % les émissions de gaz toxiques d’ici 2050, et de 100 % d’ici 2100. Vu l’échec retentissant de la dernière conférence internationale sur le climat (Copenhague, 2009) et le peu d’intérêt généralement démontré pour le sevrage du pétrole, le volet « limitation des naissances » devient aujourd’hui de plus en plus attrayant. Mais la proposition n’en demeure pas moins controversée.
D’abord, 200 ans après que Thomas Malthus eut prédit, à tort, une catastrophe alimentaire si la population mondiale n’était pas contenue, on hésite toujours à jouer la carte de la surpopulation. Les environnementalistes ont longtemps refusé de se pencher sur cette question de peur de verser dans un paternalisme malvenu vis-à-vis des pays concernés. Qui étions-nous pour dire aux pays pauvres de faire moins d’enfants ? Il y a toujours eu, comme en témoignent la Chine et sa politique d’enfant unique, quelque chose de répugnant à imposer des limites au désir, combien légitime, de faire des bébés.
De plus, la planification des naissances n’est plus au diapason depuis plusieurs années. Entre 1995 et 2008, les fonds d’aide internationale alloués à cette cause sont passés de 55 % à seulement 6 %. Ils ont presque disparu. Beaucoup d’argent a été redirigé dans des campagnes contre le sida et la malaria, mais c’est surtout le virage conservateur de bon nombre de pays donateurs (États-Unis, Canada, Australie…) qui expliquent cet abandon sur la scène internationale. En d’autres mots, les forces de gauche comme celles de droite ont toutes deux participé à enterrer la question de la régulation des naissances.
Ça ne pouvait durer. La courbe vertigineuse de la population mondiale aujourd’hui, passée d’un milliard en 1850 à sept milliards en 2011, pose définitivement problème. Nous créons actuellement l’équivalent de la population de Montréal tous les cinq jours. Au rythme où nous allons, nous aurons l’équivalent d’une autre Chine et d’une autre Inde d’ici 2050. La population aura atteint environ neuf milliards, une augmentation de deux milliards en seulement 40 ans, alors qu’il a fallu quelque 10 000 ans pour atteindre le premier milliard. Non seulement est-il improbable qu’on puisse nourrir autant de nouveaux petits affamés, nés surtout dans les pays défavorisés, mais le stress additionnel sur les ressources (eau, bois, charbon, terres agricoles…) pourrait être catastrophique.
La régulation des naissances n’est pas une panacée et n’aura jamais la même importance que la réduction de la pollution atmosphérique. Mais elle peut avoir un effet immensément bénéfique, non seulement sur l’environnement, mais sur la vie de millions de femmes, à un coût d’ailleurs très raisonnable : environ 3,7 milliards. La contraception étant l’outil par excellence de l’émancipation féminine, il y a quelque chose d’irrésistible à mener de front les combats les plus urgents, celui des femmes du tiers-monde et celui de l’environnement. Et puis, la question de la réduction des naissances est aussi en train de se discuter dans les pays industrialisés. En Grande-Bretagne, un récent sondage montre que 63 % des gens croient que les parents doivent réfléchir à l’effet qu’aurait leur progéniture sur l’environnement et 51 % pensent qu’ils devraient se contenter de deux enfants.
Au Québec, où le taux de fécondité est toujours en deçà du 2,1 (le taux de remplacement de la population), la question ne se pose toujours pas. Mais au nombre de femmes qui souhaitent actuellement un troisième et même un quatrième enfant, ce n’est peut-être que partie remise. En attendant, espérons que le prochain grand rendez-vous climatique, à Paris, en décembre 2015, inscrira la planification des naissances à l’ordre du jour. L’heure des solutions ayant sonné, en voilà au moins une qui pourrait facilement s’appliquer.
Un rapport de la Royal Society de Londres, People and the Planet (2012), estime que l’accès à la contraception pour les 222 millions de femmes qui en sont aujourd’hui privées réduirait les gaz à effet de serre de 8 à 15 %, « l’équivalent de stopper la déforestation partout sur la planète ». À New York, la National Academy of Sciences est plus optimiste encore : « Une baisse de la population mondiale pourrait vouloir dire une baisse de 16 à 29 % de CO2 à l’échelle mondiale », dit-elle.
Or, Le Devoir l’annonçait à la une cette semaine, le Groupe d’experts sur l’évolution du climat nous invite à réduire de 40 à 70 % les émissions de gaz toxiques d’ici 2050, et de 100 % d’ici 2100. Vu l’échec retentissant de la dernière conférence internationale sur le climat (Copenhague, 2009) et le peu d’intérêt généralement démontré pour le sevrage du pétrole, le volet « limitation des naissances » devient aujourd’hui de plus en plus attrayant. Mais la proposition n’en demeure pas moins controversée.
D’abord, 200 ans après que Thomas Malthus eut prédit, à tort, une catastrophe alimentaire si la population mondiale n’était pas contenue, on hésite toujours à jouer la carte de la surpopulation. Les environnementalistes ont longtemps refusé de se pencher sur cette question de peur de verser dans un paternalisme malvenu vis-à-vis des pays concernés. Qui étions-nous pour dire aux pays pauvres de faire moins d’enfants ? Il y a toujours eu, comme en témoignent la Chine et sa politique d’enfant unique, quelque chose de répugnant à imposer des limites au désir, combien légitime, de faire des bébés.
De plus, la planification des naissances n’est plus au diapason depuis plusieurs années. Entre 1995 et 2008, les fonds d’aide internationale alloués à cette cause sont passés de 55 % à seulement 6 %. Ils ont presque disparu. Beaucoup d’argent a été redirigé dans des campagnes contre le sida et la malaria, mais c’est surtout le virage conservateur de bon nombre de pays donateurs (États-Unis, Canada, Australie…) qui expliquent cet abandon sur la scène internationale. En d’autres mots, les forces de gauche comme celles de droite ont toutes deux participé à enterrer la question de la régulation des naissances.
Ça ne pouvait durer. La courbe vertigineuse de la population mondiale aujourd’hui, passée d’un milliard en 1850 à sept milliards en 2011, pose définitivement problème. Nous créons actuellement l’équivalent de la population de Montréal tous les cinq jours. Au rythme où nous allons, nous aurons l’équivalent d’une autre Chine et d’une autre Inde d’ici 2050. La population aura atteint environ neuf milliards, une augmentation de deux milliards en seulement 40 ans, alors qu’il a fallu quelque 10 000 ans pour atteindre le premier milliard. Non seulement est-il improbable qu’on puisse nourrir autant de nouveaux petits affamés, nés surtout dans les pays défavorisés, mais le stress additionnel sur les ressources (eau, bois, charbon, terres agricoles…) pourrait être catastrophique.
La régulation des naissances n’est pas une panacée et n’aura jamais la même importance que la réduction de la pollution atmosphérique. Mais elle peut avoir un effet immensément bénéfique, non seulement sur l’environnement, mais sur la vie de millions de femmes, à un coût d’ailleurs très raisonnable : environ 3,7 milliards. La contraception étant l’outil par excellence de l’émancipation féminine, il y a quelque chose d’irrésistible à mener de front les combats les plus urgents, celui des femmes du tiers-monde et celui de l’environnement. Et puis, la question de la réduction des naissances est aussi en train de se discuter dans les pays industrialisés. En Grande-Bretagne, un récent sondage montre que 63 % des gens croient que les parents doivent réfléchir à l’effet qu’aurait leur progéniture sur l’environnement et 51 % pensent qu’ils devraient se contenter de deux enfants.
Au Québec, où le taux de fécondité est toujours en deçà du 2,1 (le taux de remplacement de la population), la question ne se pose toujours pas. Mais au nombre de femmes qui souhaitent actuellement un troisième et même un quatrième enfant, ce n’est peut-être que partie remise. En attendant, espérons que le prochain grand rendez-vous climatique, à Paris, en décembre 2015, inscrira la planification des naissances à l’ordre du jour. L’heure des solutions ayant sonné, en voilà au moins une qui pourrait facilement s’appliquer.
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