Pierre Karl Péladeau a beau avoir changé sa veste de businessman
pour celle de député, il n’a pas perdu le sens des affaires pour
autant. Le nouvel élu se porte à la défense du Groupe Hexagone,
regroupant une partie importante des entreprises de Tony Accurso,
actuellement menacé de vente à des investisseurs étrangers. Accusé de
plus de 900 délits de fraude et de corruption, M. Accurso a dû vendre
ses châteaux forts, regroupés sous l’appellation Hexagone, il y a un an.
Mais le consortium n’arrive pas à tirer son épingle du jeu (suivre les
règles comme tout le monde aurait-il un effet délétère sur les revenus
des compagnies ?) et l’ancien président de Québecor s’en inquiète.
« Ça prend du courage, compte tenu du passé des anciens dirigeants », dit M. Péladeau, plaidant ainsi pour la survie de l’empire Accurso, ce « fleuron de l’économie québécoise ». Du courage ? Vu tout ce qu’on sait aujourd’hui sur le roi de la construction au Québec, sur ses entreprises, dont deux ont été reconnues coupables de fraude fiscale, sur l’ampleur de la corruption dans l’octroi de contrats municipaux, le courage est certainement ailleurs.
D’ordinaire, le courage est attribué à la défense d’un principe moral pour lequel on est prêt à payer un prix. Edward Snowden, par exemple, qui, au nom du respect de la vie privée, a mis sa liberté en jeu en divulguant l’étendue de la surveillance électronique faite par l’Agence nationale de la sécurité américaine. On peut être pour ou contre, mais ça prend du courage. Dans le cas qui nous occupe, le courage n’est pas dans la défense de l’économie québécoise, qui va de soi, mais bien dans la lutte contre la corruption, même devant des baisses de revenus potentiels. D’ailleurs, les lois québécoises n’ont-elles pas justement été modifiées au cours des dernières années (loi 35 en 2011, loi 1 en 2012) pour que les sociétés, comme les personnes à leur tête, soient davantage redevables de leurs actes ? M. Péladeau semble l’ignorer, tout comme le fait qu’un autre député péquiste, Nicolas Girard, plaidait exactement le contraire il y a deux ans, s’étonnant que Tony Accurso puisse encore obtenir de gros contrats du ministère du Transport. Pierre Karl Péladeau serait-il en train de donner ses couleurs au PQ ?
Personne évidemment ne veut mettre l’économie à terre et les entreprises Accurso, c’est vrai, ont joué un rôle crucial dans le domaine de la construction au Québec. Mais l’imputabilité doit bien commencer quelque part. D’ailleurs, la majorité des entreprises qui ont trempé dans le scandale — Enron aux États-Unis, News of the World en Grande-Bretagne, le groupe Hollinger de Conrad Black — ont eu peine à s’en relever, ou alors ont fait faillite. C’est dans l’ordre des choses que des compagnies — constituées en « personne morale », de surcroît — perdent la confiance du public pour avoir enfreint les règles.
Et puis, pourquoi sauverait-on le Groupe Hexagone qui, même en voulant se conformer aux nouvelles règles, a réussi à tricher ? Comme le divulguait Kathleen Lévesque dans La Presse récemment, « Tony Accurso a soutenu financièrement l’ancien directeur général du Parti libéral du Québec, Joël Gauthier, pour que celui-ci achète des actions dans la nouvelle entreprise Hexagone et en devienne le p.-d.g. ». L’idée de montrer patte blanche par le truchement de nouveaux administrateurs et propriétaires, en d’autres mots, a ses limites. C’est bien davantage une pirouette qui permet de se soustraire aux nouvelles exigences législatives qu’une façon de prendre « l’intégrité, la transparence et la protection de l’intérêt public », pour citer l’ex-président du Conseil du trésor et actuel chef de l’opposition, Stéphane Bédard, au sérieux. À noter que M. Gauthier a accepté le pont d’or de Tony Accurso à la condition que les autres administrateurs n’en sachent rien. Une fois le pot aux roses dévoilé, Joël Gauthier, qui fait l’objet d’une enquête pour financement politique illégal en plus, a dû démissionner.
On voit mal le PLQ de Philippe Couillard, l’homme du « pas de compromis » pour l’intégrité, replonger dans ce panier de crabes en sauvant Hexagone. Mais bon, faut voir. L’argent n’a visiblement pas d’odeur pour Pierre Karl Péladeau, en aura-t-il maintenant pour le gouvernement en place ? Cette expression, en passant, vient de l’empereur romain Vespasien après que son fils lui a reproché l’instauration d’une taxe sur les toilettes publiques. L’occasion est toute désignée pour le rappeler. L’argent passe, pourrait-on dire, mais la puanteur reste.
« Ça prend du courage, compte tenu du passé des anciens dirigeants », dit M. Péladeau, plaidant ainsi pour la survie de l’empire Accurso, ce « fleuron de l’économie québécoise ». Du courage ? Vu tout ce qu’on sait aujourd’hui sur le roi de la construction au Québec, sur ses entreprises, dont deux ont été reconnues coupables de fraude fiscale, sur l’ampleur de la corruption dans l’octroi de contrats municipaux, le courage est certainement ailleurs.
D’ordinaire, le courage est attribué à la défense d’un principe moral pour lequel on est prêt à payer un prix. Edward Snowden, par exemple, qui, au nom du respect de la vie privée, a mis sa liberté en jeu en divulguant l’étendue de la surveillance électronique faite par l’Agence nationale de la sécurité américaine. On peut être pour ou contre, mais ça prend du courage. Dans le cas qui nous occupe, le courage n’est pas dans la défense de l’économie québécoise, qui va de soi, mais bien dans la lutte contre la corruption, même devant des baisses de revenus potentiels. D’ailleurs, les lois québécoises n’ont-elles pas justement été modifiées au cours des dernières années (loi 35 en 2011, loi 1 en 2012) pour que les sociétés, comme les personnes à leur tête, soient davantage redevables de leurs actes ? M. Péladeau semble l’ignorer, tout comme le fait qu’un autre député péquiste, Nicolas Girard, plaidait exactement le contraire il y a deux ans, s’étonnant que Tony Accurso puisse encore obtenir de gros contrats du ministère du Transport. Pierre Karl Péladeau serait-il en train de donner ses couleurs au PQ ?
Personne évidemment ne veut mettre l’économie à terre et les entreprises Accurso, c’est vrai, ont joué un rôle crucial dans le domaine de la construction au Québec. Mais l’imputabilité doit bien commencer quelque part. D’ailleurs, la majorité des entreprises qui ont trempé dans le scandale — Enron aux États-Unis, News of the World en Grande-Bretagne, le groupe Hollinger de Conrad Black — ont eu peine à s’en relever, ou alors ont fait faillite. C’est dans l’ordre des choses que des compagnies — constituées en « personne morale », de surcroît — perdent la confiance du public pour avoir enfreint les règles.
Et puis, pourquoi sauverait-on le Groupe Hexagone qui, même en voulant se conformer aux nouvelles règles, a réussi à tricher ? Comme le divulguait Kathleen Lévesque dans La Presse récemment, « Tony Accurso a soutenu financièrement l’ancien directeur général du Parti libéral du Québec, Joël Gauthier, pour que celui-ci achète des actions dans la nouvelle entreprise Hexagone et en devienne le p.-d.g. ». L’idée de montrer patte blanche par le truchement de nouveaux administrateurs et propriétaires, en d’autres mots, a ses limites. C’est bien davantage une pirouette qui permet de se soustraire aux nouvelles exigences législatives qu’une façon de prendre « l’intégrité, la transparence et la protection de l’intérêt public », pour citer l’ex-président du Conseil du trésor et actuel chef de l’opposition, Stéphane Bédard, au sérieux. À noter que M. Gauthier a accepté le pont d’or de Tony Accurso à la condition que les autres administrateurs n’en sachent rien. Une fois le pot aux roses dévoilé, Joël Gauthier, qui fait l’objet d’une enquête pour financement politique illégal en plus, a dû démissionner.
On voit mal le PLQ de Philippe Couillard, l’homme du « pas de compromis » pour l’intégrité, replonger dans ce panier de crabes en sauvant Hexagone. Mais bon, faut voir. L’argent n’a visiblement pas d’odeur pour Pierre Karl Péladeau, en aura-t-il maintenant pour le gouvernement en place ? Cette expression, en passant, vient de l’empereur romain Vespasien après que son fils lui a reproché l’instauration d’une taxe sur les toilettes publiques. L’occasion est toute désignée pour le rappeler. L’argent passe, pourrait-on dire, mais la puanteur reste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire