J’arrive de deux semaines de villégiature écossaise, destination
choisie tant pour ses spectaculaires plateaux de verdure que pour ses
penchants indépendantistes. On ne peut pas être Québécois en Écosse sans
se demander, et le demander constamment autour de soi, comment les gens
voteront le 18 septembre prochain. L’Écosse devrait-elle être un pays
indépendant ? C’est la question simple et précise, élaborée par une
commission électorale, qui sera bientôt posée aux trois millions
d’Écossais en âge de voter.
Surprendront-ils le monde entier en votant « aye », ou suivront-ils les sondages en votant non ? C’est la tendance depuis un an, mais encore faut-il voir le sondage. En juin, on demandait aux électeurs : « Si vous étiez certain que David Cameron demeurerait au pouvoir en 2015, comment voteriez-vous au référendum ? » Réponse : oui, 44 %, non, 38 %, indécis, 18 %. Tout n’est donc pas encore joué.
À quelques mois du moment tant attendu, on s’attendrait à un peu de trépidation. Je ne l’ai pas sentie. Mis à part une fenêtre ou deux arborant un gros Yes !, les manchettes d’usage et, si par hasard vous vous aventurez à la chambre des débats du Parlement écossais, quelques envolées de la part de députés, dont deux références peu flatteuses au Québec, bref, mis à part ces petites étincelles, on ne sent pas le pays sur le point de remettre en question 300 ans d’histoire.
Les Écossais ont cédé à l’Angleterre leur indépendance, et jusqu’à leur Parlement, en 1707, sans trop de pleurs ou de grincements de dents, pour des raisons essentiellement économiques, après s’être partagé les mêmes monarques pendant plus de 100 ans. L’Écosse a une histoire diamétralement opposée à la nôtre, en d’autres mots. L’ultime conquête s’est faite sans heurts, l’intégration étant commencée depuis fort longtemps, conquis et conquérants parlant une langue commune depuis des siècles. Dans ce petit pays où l’on compte 6,74 millions de moutons pour 5,3 millions d’humains, seulement 1,1 % de la population parle encore le gaélique. En plus, les Écossais ont attendu jusqu’en 1997 avant d’exiger de ravoir leur Parlement. Pas de bombes, pas de peur de disparaître, pas d’aliénation culturelle profonde avec ses voisins. Seulement, et c’est ce qui explique l’animosité vis-à-vis de Cameron, l’Écosse est beaucoup plus sociale-démocrate que le grand frère anglais.
Le Québécois égaré sur le Royal Mile à Édimbourg, à quelques pas d’où vit la reine Elizabeth quelques semaines par année, pourrait bien se demander quelle mouche les a piqués, pourquoi soudainement se lancer tête baissée dans cette « fantaisie », pour reprendre les termes des pro-unionistes. Deux choses. D’abord, l’Écosse, en plus de son whisky vendu à travers le monde au coût de 5 milliards de dollars par année, peut compter, depuis quelques décennies, sur d’importantesréserves de pétrole. Ça donne un pied sur lequel danser. Ensuite, Alex Salmond et son parti indépendantiste, le Scottish National Party (SNP), une fois élus en 2011, ont immédiatement mis leur programme en application, sans demi-mesures ou questions tarabiscotées, sans promesses de « bon gouvernement » ou autres diversions. Cap sur l’indépendance.
Peu surprenant que le premier ministre écossais ait tourné le dos à Pauline Marois, lors de son passage, il y a un an et demi. Le Québec n’est absolument pas une référence en Écosse à l’heure actuelle. Il suffit d’être une touriste québécoise dans un pub édimbourgeois, un soir d’été, pour le comprendre. Le pire scénario serait un « Montreal job », dit un enseignant à la retraite, Andrew Murray Todd. Il veut dire un résultat kif-kif comme en 95. Et puis, à la chambre des débats, des députés de l’opposition parlent de la situation québécoise comme d’un « neverendum », une affaire qui ne finit plus et qui tourne en rond.
Autrement, ce sont beaucoup les mêmes arguments entendus ici qui dominent. La campagne du Better Together accuse le SNP de rêver en couleur et de démoniser Westminster. La campagne du Yes Scotland accuse les unionistes de refuser de vivre dans un « pays normal » et d’être nés pour un petit pain. « C’est la peur du côté du Non et l’espoir du côté du Oui », résume un vendeur de bon whisky, un Néo-Zélandais venu vivre sa passion du malt écossais à Édimbourg.
Pour ce que ça vaut, ma petite enquête a révélé que ceux qui ont des liens avec l’Angleterre ont tendance à se prononcer contre l’indépendance, alors que les autres sont en pour. « C’est une occasion qui ne reviendra plus », dit une jeune enseignante du nord du pays, Laura Mennie. Pour les purs laines, il est évident que l’Écosse n’est pas l’Angleterre, culturellement autant que politiquement, et que l’union les dessert.
La tête ou le coeur ? Qui des deux l’emportera en septembre prochain ? Les paris sont ouverts.
Surprendront-ils le monde entier en votant « aye », ou suivront-ils les sondages en votant non ? C’est la tendance depuis un an, mais encore faut-il voir le sondage. En juin, on demandait aux électeurs : « Si vous étiez certain que David Cameron demeurerait au pouvoir en 2015, comment voteriez-vous au référendum ? » Réponse : oui, 44 %, non, 38 %, indécis, 18 %. Tout n’est donc pas encore joué.
À quelques mois du moment tant attendu, on s’attendrait à un peu de trépidation. Je ne l’ai pas sentie. Mis à part une fenêtre ou deux arborant un gros Yes !, les manchettes d’usage et, si par hasard vous vous aventurez à la chambre des débats du Parlement écossais, quelques envolées de la part de députés, dont deux références peu flatteuses au Québec, bref, mis à part ces petites étincelles, on ne sent pas le pays sur le point de remettre en question 300 ans d’histoire.
Les Écossais ont cédé à l’Angleterre leur indépendance, et jusqu’à leur Parlement, en 1707, sans trop de pleurs ou de grincements de dents, pour des raisons essentiellement économiques, après s’être partagé les mêmes monarques pendant plus de 100 ans. L’Écosse a une histoire diamétralement opposée à la nôtre, en d’autres mots. L’ultime conquête s’est faite sans heurts, l’intégration étant commencée depuis fort longtemps, conquis et conquérants parlant une langue commune depuis des siècles. Dans ce petit pays où l’on compte 6,74 millions de moutons pour 5,3 millions d’humains, seulement 1,1 % de la population parle encore le gaélique. En plus, les Écossais ont attendu jusqu’en 1997 avant d’exiger de ravoir leur Parlement. Pas de bombes, pas de peur de disparaître, pas d’aliénation culturelle profonde avec ses voisins. Seulement, et c’est ce qui explique l’animosité vis-à-vis de Cameron, l’Écosse est beaucoup plus sociale-démocrate que le grand frère anglais.
Le Québécois égaré sur le Royal Mile à Édimbourg, à quelques pas d’où vit la reine Elizabeth quelques semaines par année, pourrait bien se demander quelle mouche les a piqués, pourquoi soudainement se lancer tête baissée dans cette « fantaisie », pour reprendre les termes des pro-unionistes. Deux choses. D’abord, l’Écosse, en plus de son whisky vendu à travers le monde au coût de 5 milliards de dollars par année, peut compter, depuis quelques décennies, sur d’importantesréserves de pétrole. Ça donne un pied sur lequel danser. Ensuite, Alex Salmond et son parti indépendantiste, le Scottish National Party (SNP), une fois élus en 2011, ont immédiatement mis leur programme en application, sans demi-mesures ou questions tarabiscotées, sans promesses de « bon gouvernement » ou autres diversions. Cap sur l’indépendance.
Peu surprenant que le premier ministre écossais ait tourné le dos à Pauline Marois, lors de son passage, il y a un an et demi. Le Québec n’est absolument pas une référence en Écosse à l’heure actuelle. Il suffit d’être une touriste québécoise dans un pub édimbourgeois, un soir d’été, pour le comprendre. Le pire scénario serait un « Montreal job », dit un enseignant à la retraite, Andrew Murray Todd. Il veut dire un résultat kif-kif comme en 95. Et puis, à la chambre des débats, des députés de l’opposition parlent de la situation québécoise comme d’un « neverendum », une affaire qui ne finit plus et qui tourne en rond.
Autrement, ce sont beaucoup les mêmes arguments entendus ici qui dominent. La campagne du Better Together accuse le SNP de rêver en couleur et de démoniser Westminster. La campagne du Yes Scotland accuse les unionistes de refuser de vivre dans un « pays normal » et d’être nés pour un petit pain. « C’est la peur du côté du Non et l’espoir du côté du Oui », résume un vendeur de bon whisky, un Néo-Zélandais venu vivre sa passion du malt écossais à Édimbourg.
Pour ce que ça vaut, ma petite enquête a révélé que ceux qui ont des liens avec l’Angleterre ont tendance à se prononcer contre l’indépendance, alors que les autres sont en pour. « C’est une occasion qui ne reviendra plus », dit une jeune enseignante du nord du pays, Laura Mennie. Pour les purs laines, il est évident que l’Écosse n’est pas l’Angleterre, culturellement autant que politiquement, et que l’union les dessert.
La tête ou le coeur ? Qui des deux l’emportera en septembre prochain ? Les paris sont ouverts.
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