Les performeuses les plus hot de la planète, les artistes
punk qui nous ont forcés à voir la pataude Russie et ses babouchkas
autrement, les dissidentes qui n’ont pas eu peur de dénoncer le Kremlin
et l’Église orthodoxe russe d’un même souffle, les judicieusement
nommées Pussy Riot sont de retour.
Juste à temps pour troubler la fête des Jeux d’hiver de Sotchi encore davantage.
Maria Alyokhina et Nadezhda Tolokonnikova ont été graciées en décembre dernier par un Vladimir Poutine voulant se montrer magnanime à l’aube du grand rendez-vous d’hiver. Avec la même baguette magique, le président russe a également libéré le magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovsky et 28 militants de Greenpeace (dont un Québécois). Les Greenpeace sont rentrés précipitamment chez eux, le milliardaire Khodorkovsky s’est exilé en Allemagne, mais les deux jeunes femmes, elles, sont restées sur place, reprenant leur croisade anti-Poutine, sobrement habillées cette fois, et sans l’ombre (ou presque) d’un juron. Peu de « décâlisse » ou de nudité pour les Pussy Riot d’aujourd’hui.
Selon la journaliste russo-américaine Masha Gessen, 16 mois dans un camp de travail à geler, à manquer de nourriture et à coudre des uniformes de policier 16 heures par jour ont transformé Maria Alyokhina, 26 ans, et Nadezhda Tolokonnikova, 24 ans, de performeuses punk en dissidentes politiques de taille. Dans un récent article du Globe and Mail, on parle même d’elles comme les nouvelles Soljenitsyne et Sakharov.
À la manière des samizdats de l’époque soviétique, les écrits de la leader du groupe, Nadezhda Tolokonnikova, décrivant les conditions de détention qu’elle et sa compagne ont dû subir ont circulé à l’extérieur. Du même coup, les Pussy Riot qui ont toujours fait sourciller, même parmi les Russes progressistes, sont devenues la voix de l’opposition dans un pays qui en compte actuellement très peu. Et quelle opposition.
« Elles sont l’exact contraire de Poutine », dit la propriétaire de galerie d’art qui projetait cette semaine un documentaire (interdit encore récemment) sur les Pussy Riot. « Il est un homme, elles sont des filles. Il est vieux, elles sont jeunes. Il est gris, elles sont colorées. Il est riche, elles sont pauvres. Elles ont démasqué au monde entier comment notre système fonctionne, la justice, les prisons, mais aussi la force de la communauté artistique en Russie. »
Moi, dans les ruines rouges du siècle, le titre de la magnifique pièce de théâtre d’Olivier Kemeid racontant la vraie histoire d’un ami comédien, Sasha Samar, jeune Ukrainien qui a vécu les derniers soubresauts de l’empire soviétique, pourrait très bien servir ici pour décrire Maria Alyokhina et Nadezhda Tolokonnikova : « Elles, dans les ruines rouges du siècle » — qui, en Russie, n’en finit pas de hoqueter.
Les Jeux d’hiver de Sotchi sont le tour de passe-passe de Vladimir Poutine pour convaincre le monde entier que la Russie est désormais de ce siècle, moderne, démocratique et florissante par-dessus le marché. Évidemment, il n’a pas fallu attendre la réapparition des Pussy Riot, ou encore l’histoire des toilettes siamoises (voir la délicieuse chronique de Jean-François Nadeau dans Le Devoir du 27 janvier), pour s’apercevoir qu’il n’en est rien. Les Jeux de Sotchi, qui vont coûter plus cher que tous les Jeux d’hiver réunis, qui ont remis le feu aux poudres dans les territoires musulmans environnants et qui, par conséquent, présentent un potentiel terroriste inquiétant, où les travailleurs des installations n’ont souvent pas été payés et où la population locale vit dans la pauvreté, pour ne rien dire du fait que Sotchi est une ville où poussent des palmiers, sont d’une absurdité totale.
Maria Alyokhina et Nadezhda Tolokonnikova ont fermement l’intention de le souligner. Le 7 février, jour d’ouverture des Jeux, elles seront de retour dans la blafarde Mordovie, « l’archipel du goulag » de la Russie d’aujourd’hui, pour intenter des recours judiciaires au nom des prisonniers politiques toujours incarcérés là-bas. « Tous les Russes doivent réfléchir aux raisons pour lesquelles il faut se débarrasser de Poutine », dit Nadya Tolokonnikova.
Qu’adviendra-t-il de ces Dames Émeutes une fois les Jeux terminés, les médias étrangers repartis et le président russe et ex-officier du KGB revenu à ses instincts de base ? Qui sait. En attendant de voir, souhaitons-leur un gros merde dans cette courageuse tentative d’ébranler les colonnes du temple.
Juste à temps pour troubler la fête des Jeux d’hiver de Sotchi encore davantage.
Maria Alyokhina et Nadezhda Tolokonnikova ont été graciées en décembre dernier par un Vladimir Poutine voulant se montrer magnanime à l’aube du grand rendez-vous d’hiver. Avec la même baguette magique, le président russe a également libéré le magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovsky et 28 militants de Greenpeace (dont un Québécois). Les Greenpeace sont rentrés précipitamment chez eux, le milliardaire Khodorkovsky s’est exilé en Allemagne, mais les deux jeunes femmes, elles, sont restées sur place, reprenant leur croisade anti-Poutine, sobrement habillées cette fois, et sans l’ombre (ou presque) d’un juron. Peu de « décâlisse » ou de nudité pour les Pussy Riot d’aujourd’hui.
Selon la journaliste russo-américaine Masha Gessen, 16 mois dans un camp de travail à geler, à manquer de nourriture et à coudre des uniformes de policier 16 heures par jour ont transformé Maria Alyokhina, 26 ans, et Nadezhda Tolokonnikova, 24 ans, de performeuses punk en dissidentes politiques de taille. Dans un récent article du Globe and Mail, on parle même d’elles comme les nouvelles Soljenitsyne et Sakharov.
À la manière des samizdats de l’époque soviétique, les écrits de la leader du groupe, Nadezhda Tolokonnikova, décrivant les conditions de détention qu’elle et sa compagne ont dû subir ont circulé à l’extérieur. Du même coup, les Pussy Riot qui ont toujours fait sourciller, même parmi les Russes progressistes, sont devenues la voix de l’opposition dans un pays qui en compte actuellement très peu. Et quelle opposition.
« Elles sont l’exact contraire de Poutine », dit la propriétaire de galerie d’art qui projetait cette semaine un documentaire (interdit encore récemment) sur les Pussy Riot. « Il est un homme, elles sont des filles. Il est vieux, elles sont jeunes. Il est gris, elles sont colorées. Il est riche, elles sont pauvres. Elles ont démasqué au monde entier comment notre système fonctionne, la justice, les prisons, mais aussi la force de la communauté artistique en Russie. »
Moi, dans les ruines rouges du siècle, le titre de la magnifique pièce de théâtre d’Olivier Kemeid racontant la vraie histoire d’un ami comédien, Sasha Samar, jeune Ukrainien qui a vécu les derniers soubresauts de l’empire soviétique, pourrait très bien servir ici pour décrire Maria Alyokhina et Nadezhda Tolokonnikova : « Elles, dans les ruines rouges du siècle » — qui, en Russie, n’en finit pas de hoqueter.
Les Jeux d’hiver de Sotchi sont le tour de passe-passe de Vladimir Poutine pour convaincre le monde entier que la Russie est désormais de ce siècle, moderne, démocratique et florissante par-dessus le marché. Évidemment, il n’a pas fallu attendre la réapparition des Pussy Riot, ou encore l’histoire des toilettes siamoises (voir la délicieuse chronique de Jean-François Nadeau dans Le Devoir du 27 janvier), pour s’apercevoir qu’il n’en est rien. Les Jeux de Sotchi, qui vont coûter plus cher que tous les Jeux d’hiver réunis, qui ont remis le feu aux poudres dans les territoires musulmans environnants et qui, par conséquent, présentent un potentiel terroriste inquiétant, où les travailleurs des installations n’ont souvent pas été payés et où la population locale vit dans la pauvreté, pour ne rien dire du fait que Sotchi est une ville où poussent des palmiers, sont d’une absurdité totale.
Maria Alyokhina et Nadezhda Tolokonnikova ont fermement l’intention de le souligner. Le 7 février, jour d’ouverture des Jeux, elles seront de retour dans la blafarde Mordovie, « l’archipel du goulag » de la Russie d’aujourd’hui, pour intenter des recours judiciaires au nom des prisonniers politiques toujours incarcérés là-bas. « Tous les Russes doivent réfléchir aux raisons pour lesquelles il faut se débarrasser de Poutine », dit Nadya Tolokonnikova.
Qu’adviendra-t-il de ces Dames Émeutes une fois les Jeux terminés, les médias étrangers repartis et le président russe et ex-officier du KGB revenu à ses instincts de base ? Qui sait. En attendant de voir, souhaitons-leur un gros merde dans cette courageuse tentative d’ébranler les colonnes du temple.